Caen est la plus grande des villes moyennes. C’est à la fois un port, une côte et une agglomération vaste, entre 200 000 et 400 000 habitants selon les statistiques. De manière préoccupante, elle perd des habitants.

 

Caen et sa région : les mots-clés en 2014

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État des lieux prospectif

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Caen 2030 ou l’appel du vide

En 2030, Caen est redevenue communiste. Le taux de chômage atteint 30%, soit le double du chiffre des années 2010, qui était pourtant déjà inquiétant. Les promoteurs, avec l’appui financier et stratégique de la ville, avaient investi dans des projets urbains pour développer l’urbanisation intra-rocade, mais les logements, trop chers, n’ont pas pu être vendus. L’éclatement de l’affaire Filoucelli et de la bulle immobilière des années 2020 continue à faire des ravages.

Dans les années 2010, l’illusion semblait parfaite. Soutenus par le projet phare de la Presqu’île de Caen, les domaines de la construction et du bâtiment, étalent leur dynamisme avec de nombreux emplois à la clé. Toutes les prévisions depuis 2014 indiquaient que l’investissement immobilier était sans risque et pouvait rapporter gros. À l’époque, personne ne prête attention à certaines délocalisations stratégiques et à la concurrence portuaire qui faisait peu à peu péricliter les installations maritimes de Caen. Les entreprises partaient malgré les millions de subventions publiques. L’immobilier était l’arbre cachant la forêt.

Les logements fleurissaient sur la presqu’île, dans un marché immobilier serré du fait de la faible vacance des logements. La majorité des anciens sites industriels étaient reconvertis au profit de l’habitat. Malgré la relative stagnation de la population, la demande de logements continuait à augmenter, dopée par les investissements des Parisiens désirant quitter l’Île-de-France pour échapper à une qualité de vie déplorable. Menacées de disparition ou, au mieux, repoussées vers le nord, les activités désertèrent la presqu’île. Les emplois industriels n’étaient que rarement remplacés par quelques commerces et services.

Le retour à la réalité aurait pu se produire en 2022, lorsque Valéo, puis Renault Trucks, se délocalisèrent en Roumanie. Plusieurs opérateurs de centres d’appel leur emboitèrent le pas, mais vers l’Afrique, laissant des milliers de personnes sur le carreau. Le spectre du chômage menaçait de recouvrir l’agglomération, mais la situation fut à nouveau masquée par l’amplification de la bulle immobilière.

Puisque les familles continuaient de quitter Caen et sa première couronne, malgré une politique d’attractivité axée sur elles, l’agglomération décida d’urbaniser massivement le sud de la ville, au sein de la zone intra-rocade des communes de Bretteville-sur-Odon, Louvigny, Fleury-sur-Orne et Cormelles-le-Royal. L’État, de son côté, mis en place une loi fiscale favorisant l’achat immobilier et incitant beaucoup de nouveaux investisseurs à construire, même à perte. Enfin, le magazine spécialisé La Virgule classa Caen dans les 10 villes les plus agréables de France trois années d’affilée, confortant des milliers d’investisseurs de toute la France. Le magazine Le Rapide, dans une optique compétitive, mentionna également Caen dans les cinq meilleures villes de France pour placer son argent. La fièvre immobilière atteignait des sommets dignes d’une ruée vers l’or.

Mais en 2025, le directeur de La Virgule, par ailleurs adjoint à l’urbanisme de la ville de Caen : Pascal Filoucelli, véritable magnat de l’immobilier local, revendit tout son patrimoine caennais puis s’exila à Dubaï. Dans les premières heures de l’affaire Filoucelli, alias le « Madov de Caen », les initiés surent revendre au bon moment leurs immeubles pour s’installer à Deauville. Mais pour la majorité des petits investisseurs et pour la ville de Caen elle-même, la crise immobilière fit de gros dégâts. La vacance devint généralisée dans le sud de l’agglomération alors que les derniers logements construits, trop chers, ne purent être vendus.

Le PC triompha aux municipales 2026 en promettant la municipalisation de l’hippodrome, sur lequel les « salopards de Deauville » continuaient à organiser des courses au plus grand mépris du prolétariat désœuvré. Des associations de défense des animaux purent sauver les chevaux du méchoui improvisé entre deux campagnes de défense des pandas et des bébés phoques (ils laissèrent sur place les vulgaires êtres humains).

 

Le projet

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Caen 2030 : la carte postale

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Témoignages

La situation dans laquelle nous a laissé le maire sortant est catastrophique ! Mais, depuis 4 ans, nous redressons la barre, les gens vont revenir.

Joseph Baxter. Maire, Parti communiste, 38 ans. 10 Avril 2030

C’est dur ici. Mais avec le RSA, la CAF, et les petits boulots de temps en temps, on arrive à s’en sortir. Il faut dire que, pour se loger, c’est très abordable.

Mikaël. Ouvrier au chômage, 39 ans. 12 Janvier 2030

Je ne viens pas souvent à Caen. La dernière fois, c’était pour faire visiter le Mémorial à des amis.

Hadrien-Jacques. Rentier à Deauville, 67 ans. 5 Septembre 2030

 

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