Jolie ville bourgeoise des Alpes, Annecy attire. Elle attire des touristes d’hiver comme d’été, des entreprises dans des domaines bien spécialisés et compétitives, des sportifs et même des étudiants. Contrairement à ce que l’on peut observer ailleurs, ils peuvent y trouver un vrai travail à la fin de leur formation. Et on y bouffe bien ! Un probable coup de cœur si l’on a les moyens de lutter contre les prix parisiens !

 

Annecy et sa région : les mots-clés en 2014

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État des lieux prospectif

 

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Annecy 2030, la petite suisse

En 2030, Annecy est une ville qui n’a plus rien à envier à ses cousines suisses. Ses habitants sont aisés, ils excellent dans la surveillance des mauvais comportements et la délation citoyenne. Elle est surtout une ville propre, quotidiennement nettoyée par des escadrons de robots. La robotisation et le coût de la  vie ont considérablement fait évoluer la population. Les sages Annéciens n’ont plus peur de croiser les classes dangereuses et subversives, qui privaient autrefois la ville d’une totale tranquillité publique. Ils ne peuvent guère regretter que les festivités d’autrefois, lorsque des visiteurs pouvaient encore s’attarder dans les rues après 21h.

Les popos des chihuahuas, yorkshires, bichons et shih tzu ne sont pas imposants. Mais, dans une ville largement peuplée d’anciens, qui ont tous adopté le petit chien de race comme animal de compagnie, le nombre de crottes au m² peut rapidement rendre les rues impraticables ! À Annecy, le nettoyage des espaces publics ne pouvait plus suivre le rythme endiablé du déversement des déchets canins. Les risques de glissades étaient devenus inquiétants. Les citoyens les plus exigeants (et les plus fragiles du fémur) firent alors pression sur la mairie pour qu’elle résolve le problème.

Malheureusement, en cette fin des années 2010, la pénurie de main d’œuvre ne permettait pas de réagir efficacement. Les coûts de l’immobilier et de la vie avaient vidé la ville de ses employés et ouvriers les moins qualifiés. Quant aux Annéciens encore présents, outre leur arthrite, ils ne se seraient pas abaissés à ramasser les crottes de chien. Face à ce problème en apparence insoluble, l’agglomération choisit de faire appel à ses entreprises de haute technologie en mécatronique et micro-informatique. C’est ainsi qu’à Annecy-le-Vieux, rebaptisée en 2023 Annecy-le-Sénior par respect pour ses habitants, se développa rapidement un pôle de compétitivité en robotique d’envergure européenne. Une activité qui prit d’autant mieux son envol qu’elle était soutenue localement par de généreuses commandes de  robotcrottes, destinés à assurer la propreté des rues.

Les projets d’envergure allaient pouvoir se succéder, renfonçant toujours plus l’industrie à haute valeur ajoutée existante (mécatronique, image-multimédia, industrie du sport, …) Engrenage qui allait accroitre l’attractivité d’Annecy pour les ingénieurs fortement diplômés, faisant encore augmenter les prix de l’immobilier dans une région déjà sous pression. Les bas salaires refluaient d’autant plus qu’ils étaient remplacés par des robots. C’est ce contexte de propreté, de dynamisme et d’hyper-embourgeoisement qui allaient séduire, à la fin des années 2020, des entreprises suisses qui quittaient la région de Genève, inquiètes de la guerre aux paradis fiscaux qui s’annonçait en Europe.

Annecy pouvait se complaire dans son succès, en moquant au passage la vieille rivale Chambéry. En 2029, en partenariat avec des villes suisses, saxonnes et scandinaves, elle créa le prix de la ville européenne la plus propre, qu’elle remporta immédiatement. Elle organisa également le premier festival du grand ménage de Printemps, où chaque Annécien à jour de ses impôts est invité à ouvrir les portes de son logement pour que les robots de la ville puissent le nettoyer. Comme tous les jours à 22h, la situation de crise impliquait que les robots aient le champ libre pour astiquer l’espace public. On était loin des « Nuits de la roulotte », festival gratuit de Chambéry où proliféraient de dangereux roots et autres punks à chiens menaçants !

Avec le couvre-feu robotique, les festivals d’Annecy perdirent grand nombre de visiteurs. De l’avis des Savoyards, on s’y fait (bien) chier. Le dynamisme économique a également attisé les tensions avec Chambéry, où durent s’exiler les réfugiés robotiques désœuvrés. Tout particulièrement depuis que les robocops annéciens ont détruit les bidonvilles des pentes du Semnoz et que les célèbres bot-people qui avaient trouvé refuge sur le lac en ont été expulsés.

 

Le projet

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 Annecy 2030 : la carte postale

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Témoignages

Il y a dix ans, je faisais les festivités municipales avec des amis qui venaient souvent me voir. Mais aujourd’hui, même moi, à 82 ans, je trouve ça chiant !

Lucien Pêche. Parti Moyen (ancien Modem), dans l’opposition au conseil municipal. 82 ans. 18 Juin 2030

Annecy ? J’ai été obligé de partir en 2020, à cause du prix des loyers. J’imagine que l’on m’a remplacé par un robot.

Marcel. Ouvrier, 67 ans. 12 Avril 2030

Je suis venu ici il y a deux ans parce qu’on y trouve du travail après les études. Mais entre les dénonciations et le couvre-feu de 22h, je me sens oppressé, je ne sais pas si je vais tenir le coup.

Timéo. Étudiant en Master I – Physique des particules, 22 ans. 5 Mai 2030

 

 

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