Direction cette fois une région qui, pour les Belges ou les Allemands serait synonyme de sud, mais qui pour la plupart des Français est ce nord-est qui n’inspire pas grand chose. Une lieu où « minette lorraine » ne désigne pas trivialement une jeune fille aux accents locaux, mais un minerai de fer !

 

Thionville et sa région : les mots-clés en 2014

Nuage Nîmes

 

État des lieux prospectif

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Thionville 2030 : sous protectorat

En 2015, les Lorrains scrutaient attentivement le cours des matières premières pour savoir si leurs gisements de fer redeviendraient rentables à exploiter. Ce n’est pourtant pas la sidérurgie qui a relevé l’économie de la Moselle, et de Thionville en particulier, mais son rôle d’annexe du Luxembourg.

Tout avait pourtant commencé par une montée des tensions à la frontière franco-luxembourgeoise. L’arrivée à Veymerange des brasseries Béierhaascht et Bofferding en 2020 avait mis la puce à l’oreille des autorités du duché : la région de Thionville devenait le cœur des délocalisations de l’appareil industriel luxembourgeois, ce que ces derniers acceptaient mal. Le premier ministre Schleck réussi cependant à inverser la tendance lors d’un discours qui fit grand bruit, de Esch à Wiltz : « Les gars, ça fait 50 ans qu’on se fait chier à récupérer des banques, des fonds d’investissements et des sièges sociaux, alors si ces prolos de Français veulent récupérer trois usines ridicules, on devrait en profiter pour leur refiler toutes nos merdes ! » C’est ainsi que naquit la Politique de coprospérité de la côte mosellane, qui permit à Thionville d’accueillir de nombreux équipements et infrastructures (hôpitaux, nouvel aéroport international de Luxembourg, déchèteries, incinérateurs, cimetière luxembourgeois, reconduction en EPR de la centrale de Cattenom…). Pour supporter l’évolution du trafic, l’A31 passa à 2 fois 4 voies, et les liaisons ferroviaires furent renforcées, y compris le ferroutage.

Bien sûr, les responsables politiques locaux espéraient que l’industrie métallurgique luxembourgeoise se délocaliserait massivement elle-aussi pour relancer la sidérurgie lorraine… ce qui ne fut pas acté à l’époque.

Le partage de la manne Luxembourgeoise posa cependant quelques problèmes. La CA du Val de Fensch et la CdC du Sillon mosellan, souffrant des fermetures de Florange et Gandrange, réclamèrent une plus grande part du gâteau luxembourgeois à la CA de Thionville qui lorgnais, pour sa part, sur les revenus des parcs d’attractions de la CdC du pays Orne-Moselle. Tous s’accordaient tout de même à critiquer l’égoïsme de la CdC de Cattenom qui gardait jalousement les retombées de sa centrale nucléaire. Une fois de plus le « Caucase mosellan », comme on l’appelait dans le reste de la Lorraine, offrait un front divisé dès lors qu’il s’agissait d’autre chose que d’acier.

À l’intérieur même de Thionville les tensions étaient latentes. D’un côté les navetteurs se rendant chaque jour au Luxembourg, qui réclamaient la fermeture des déchèteries, l’amélioration de leur cadre de vie et une ville moins chiante pour claquer leur pognon. De l’autre, la population d’origine ouvrière, qui réclamait davantage d’usines pour pouvoir bosser, quitte à ce que ce soit crade. La division de la population s’affirmait. Surtout après 2024 avec la disparition du maigre contingent étudiant qui avait le mérite d’être à peu près neutre. À force de produire flashmob, lip dub et toutes les conneries possibles et imaginables du net dans le but de développer leur social branding, les étudiants de l’IUT de Yutz, avaient fini par commettre l’irréparable : une gigantesque sex tape collective ! Fermeture immédiate.

Mais l’avenir s’annonce toujours plus incertain. 2030 pourrait redistribuer les cartes dans la région puisque l’Union européenne vient de déclarer une guerre totale aux paradis fiscaux. Un nouveau discours éclairant du toujours premier ministre Schleck illustre d’ailleurs la situation du Luxembourg : « Les gars, je crois qu’on est dans la merde ! » De leur côté de la frontière, les multiples autorités de la région de Thionville espèrent qu’elles vont enfin voir redémarrer leurs industries sidérurgiques.

 

Le projet mis en forme

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Thionville 2030 : en une des magazines

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Témoignages

Nous avons bâti le nouvel hôpital luxembourgeois juste à l’entrée de Thionville pour ne pas que nos ressortissants aient à y entrer quand ils sont malades. C’est pratique les entrée de ville, ça permet de faire demi-tour.

Michael Schleck – Ministre luxembourgeois de la santé – 18 octobre 2023

Mes patrons au Luxembourg se sont assurés de me trouver un logement à Thionville. Il doivent savoir qu’on peut rien y faire le soir et qu’on est frais-dispo au travail le lendemain.

Benoît Martin – employé du groupe Clearstream – 26 janvier 2027

Le Luxembourg m’a donné du boulot, mais j’aurai un cancer à cause d’eux… et pas les moyens de me faire soigner à l’hôpital luxembourgeois. Leur politique sociale se limite à nous donner accès à leur crématorium.

Vincent Dubois – employé à la centrale des déchets luxembourgeois de Thionville – 21 septembre 2028

 

 

Vous pouvez nous laisser des commentaires sur cet article ou sur Thionville juste en dessous. Si vous avez des anecdotes ou des témoignages plus approfondis, n’hésitez pas à nous en faire part en contactant directement Florian (f.rodriguez@deuxdegres.net). Vous pouvez également remplir notre questionnaire sur l’atmosphère qui règne dans la ville ou dans l’une de ses congénères.

 

1 Comment

  1. deux degrés
    2 juin 2014

    Voici quelques réponses issues du questionnaires sur l’identité de Thionville :

    « Climat météo horrible ! Temps de trajet domicile travail digne de l’horrible couronne parisienne. Pas assez de vie ( sauf dans les hypermarchés …)  »

    « Un goût prononcé pour l’aventure. Un moyen de mieux apprécier les autres régions ensuite. Moins cher que le Luxembourg. Permet de rayonner loin en Europe. »

    Par contre, on peut faire du « ski indoor, ramasser des mirabelles, vérifier son taux de radioactivité tous les matins », « boire des picons ».

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