Ce qui est bien avec les villes moyennes c’est que certaines ne s’aiment pas du tout et rêvent (courtoisement) de se foutre sur la gueule. Vous avez déjà découvert l’avenir d’Annecy, pour pouvoir mener une étude comparée, voici maintenant sa rivale savoyarde « Chambé ».

 

Chambéry et sa région : les mots-clés en 2014

Nuage Nîmes

 

État des lieux prospectif

Schéma Chambery2

 

Chambéry 2030 : le refuge savoyard

Ville moyenne plébiscitée au tournant du siècle, celle que l’on surnomme affectueusement « Chambé » fut confrontée ces 20 dernières années à des défis sans précédent, que ses élus affrontèrent l’opinel entre les dents. Une volonté d’action, d’ouverture et d’exemplarité qui ne porta pas forcément ses fruits…

À la fin des années 2010, le destin de Chambéry devint inextricablement lié aux évolutions d’Annecy et de Grenoble. Déjà attractive pour de nombreux français, notamment Parisiens et Rhônalpins, qui plébiscitaient son dynamisme économique, son offre universitaire et sa proximité des stations de ski, l’agglomération dut encaisser deux importants mouvements de population.

Depuis le nord, les différentes catégories progressivement évincées d’Annecy, des bot-peoples aux classes moyennes (cf. fiche Annecy), se tournaient naturellement vers Chambéry, à la fois proche et active dans le domaine du logement social. Contournant les Bauges, elles se fixaient le plus souvent dans la basse vallée de la Leysse, entre Chambéry et l’aéroport.

Depuis le sud, bon nombre de Grenoblois, des authentiques fashionistas aux simples amateurs de chemises, affluaient vers Chambéry. Ils étaient exaspérés par leur ville d’origine où proliféraient les roots en polaire Quechua, attirant sur eux les quolibets de tout le Rhône-Alpes. L’élection, en 2014, d’un maire écolo avait fini de les convaincre que Grenoble était un cas désespéré. Remontant le Grésivaudan, ils vinrent s’installer sur les pentes de la grande Chartreuse et se concentrèrent à Barberaz ou La Ravoire.

Toutes migrations cumulées, la croissance chambérienne menaçait l’étroite cluse alpine de thrombose. Mais quel que soit leur parti, les successeurs de Louis Besson, qui avait fait d’une ville de montagne une référence d’accessibilité handicapé, décidèrent de se retrousser les manches et se firent un devoir d’accueillir dans leur agglomération tout ceux qui voulaient s’y installer. Lorsqu’il fallu faire des choix difficiles, on en eu le courage. Au nord, les secteurs déjà sous pression de Sonnaz et Servolex, longtemps préservés, furent finalement ouverts à l’urbanisation. Il en fut de même au sud, où de nouveaux quartiers s’établirent en lieu et place de l’Aérodrome de Challes-les-Eaux, au grand mécontentement des passionnés de vol à voile.

Ce fantastique effort, mené à marche forcée, finit par soulever un dysfonctionnement : la partition progressive de l’agglomération (et de Chambéry elle-même) de part et d’autre de la « voie rapide urbaine », logement social et réfugiés anneciens se concentrant essentiellement au nord et à l’est, actifs plus aisés, travaillant parfois à Grenoble, plébiscitant davantage le sud et l’ouest.

Secrètement, les élus locaux espéraient que devant tant de volontarisme l’État finirait par récompenser leur gestion modèle Financièrement en leur annexant la riche Aix-les-Bains (surtout riche de son casino). Urbanistiquement, en subventionnant la couverture de la voie rapide urbaine jusqu’au Tunnel des Monts. Un double et légitime espoir qui devait permettre à Chambéry de se refaire une santé après des années d’investissements et de récupérer en surface (et en plein centre-ville) la précieuse emprise de la VRU pour refaire le lien entre les deux parties de la ville.

Le choc de 2028 fut d’autant plus rude, lorsqu’on apprit que l’État préférait financer le tunnel du Semnoz pour que les riches Annéciens puissent faire plus facilement le tour de leur lac. La vil(l)e rivale Annecy avait sans doute bénéficié du soutien des Aixois, jamais en mal de sournoiserie. Mais pire encore, il semble que les privilégiés du sud Chambé n’aient pas du tout soutenu leur ville, leur seule préoccupation étant de pouvoir traverser rapidement l’agglomération pour se rendre à Aix en soirée ou le week-end (en s’arrêtant éventuellement à Chamnord pour quelques achats).

Les années 2030 s’annoncent désormais difficiles pour la capitale de Savoie, épuisée par une décennie d’efforts et confrontée à un nouveau défi d’envergure. Maigre consolation, on raconte que les étudiants de Technolac se seraient fait une spécialité du développement de virus informatiques destinés à contaminer les robots des Annéciens et les laisser, à leur tour, dans la merde.

 

Le projet… ou plutôt ce qu’il s’est passé

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Chambéry 2030 dans la presse locale

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Témoignages

Je ne suis pas mécontente que la voie rapide reste en surface. Faire plusieurs kilomètres sous terre tous les week-end pour aller à Aix, c’est pas comme ça que l’on soigne son bronzage !

Anaïs Piftin – chercheuse en microélectronique – 3 juillet 2028

La décision de l’État est un drame pour Chambéry. Si l’on ne peut pas faire du lien et créer du bien vivre ensemble, les urbanistes nous ont prévenus que nous sommes condamnés. Nous craignons déjà que les prochains classements de ville ne soient terribles.

Augustin Faure – conseiller municipal – 1e décembre 2029

L’emplacement de la voie rapide, on s’en fout un peu ! Ce qu’on aime à Chambé, c’est pour pouvoir filer skier, se baigner ou faire de la rando dès qu’on en a l’occasion. Chambéry c’est surtout un modèle de bien vivre ailleurs.

Enzo Grospiron – dealer de reblochon – 2 décembre 2029

 

 

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